Sur place ou à emporter ? 

Pizzaface est un personnage assez méconnu de la licence TMNT de par son absence dans le dessin animé mais aussi dans les Archie Comics, les deux principaux supports promotionnels de la gamme de jouets. Il faut attendre la série actuelle de Nickelodeon pour le revoir avec un design totalement remanié. Il est surprenant qu'un ennemi en lien avec la pizza ne soit pas plus exploité à travers les diverses adaptations de la licence. Une des rares illustrations de Pizzaface plus ou moins officielles de l'époque, hormis celles des blisters, est celle de Jim Lawson apparue dans un magazine spécialisé TMNT.

Ce chef cuisinier italien au service de Shredder avait pour ambition de devenir le pizzaïolo le plus puissant du monde. Pour cela, il s'est lui même jeté dans un four de Mutagen espérant devenir plus badass. Mais les Tortues Ninja, affamées, font irruption dans sa pizzeria et le retirent du four. Il en résultera un mutant unijambiste à moitié cuit, ce qui mettra un terme à son ambition initiale. Possédant le pouvoir de la pizza, Pizzaface se déplace de pizzeria en pizzeria, traquant les chevaliers d'écailles afin de les réduire en une garniture savoureuse. Il est un cauchemar ambulant pour les tortues, empoisonnant leurs péchés mignons.

 

 

Pétrir la pâte

C'est le prolifique illustrateur et designer Errol McCarthy, connu notamment pour son travail sur les gammes Big Jim, Star Wars ou encore Maîtres de l'Univers pour ne citer qu'elles, qui dessine une première ébauche de ce personnage initialement appelé Pizza the Hut. Ce nom fait référence à Pizza the Hutt, parodie de Jabba the Hutt, dans le film Spaceballs (La folle histoire de l'espace) sorti en 1987. Il est amusant de constater le jeu de mot avec la chaîne de restaurants Pizza Hut en connaissant leurs futurs partenariats avec la licence TMNT. Mais sûrement pour une question de droits, ce nom n'a pas été retenu.

L'inspiration de Jabba se fait surtout ressentir à travers la bave et le goître du pizzaïolo, nous donnant un personnage répugnant. De plus les ingrédients énumérés nous montrent que ce chef cuisinier se sert de ses pizzas comme des armes avec entre autres l'utilisation de napalm ou encore de goudron...

 

 

Ajouter les ingrédients

Le concept art ci-dessus a servi de base pour l'élaboration du sample. Ce dernier sera sculpté par David Arshowsky.  Au départ, le jouet devait être plus malsain. En effet, Pizzaface possédait un frère siamois en guise de boulette de viande sous sa toque, qui pour le coup devait être amovible. Mais ce n'est pas tout, l’auriculaire gauche manquant de la figurine avait été initialement moulé sur une pizza, faisant office de garniture au milieu des rats morts, des insectes et autres saletés. Playmates a fini par juger ça trop violent et le doigt fut retiré des ingrédients... En oubliant au passage de le remettre à la main gauche...

Le sample est assez proche du dessin de McCarthy, on y retrouve les principaux détails comme la morphologie grossière du personnage, son tatouage "MOM", le couteau, le tablier ou encore la roulette à pizza. Une moustache est ajoutée pour accentuer l'origine italienne de Pizzaface, et tout comme Jabba, la bave est de couleur verte, nous rappelant que ce personnage est aussi un mutant mi-homme mi-pizza malgré son aspect humain.

 

 

 

Cuire au four et servir

Pizzaface est présenté dans son packaging américain issu de la wave de 1990. La carte arbore trois illustrations du personnage (avec son auriculaire), un logo NEW est présent nous rappelant celui de Fugitoid sorti la même année. Ces deux personnages n’apparaissent pas dans l'animé et sont les deux seuls de la wave 1990 à posséder ces logos, coïncidence ? Contrairement à Fugitoid, Pizzaface est sorti dans la seconde partie des jouets de 1990, justifié par les 39 figurines présentes sur le cardback contrairement aux 31 du petit androïde. 

La figurine est colorée avec plein de petits détails disséminés sur tout le corps. Malheureusement ces derniers ne bénéficient pas tous d'une coloration comme vue précédemment sur le prototype (les cicatrices, le tatouage, le sparadrap ou encore les cheveux), le résultat d'une fabrication à la chaîne qui simplifie les jouets dans leurs versions finales. Cependant le hachoir possède un manche marron et une lame métallisée, un détail non négligeable quand on sait que les armes de la gamme étaient jusque là monochromes. Cet ustensile de cuisine peut être alterné avec la roulette à pizza, ce qui apporte plus de jouabilité à la figurine.

 

 

 

 

Conclusion

Pizzaface est un peu l'ovni de la gamme Tortues Ninja. Ce personnage n’apparaît nulle part en dehors des jouets de Playmates, pourtant son rapport avec les pizzas fait de lui un ennemi crédible pour nos héros en carapace.

L'absence totale de background a laissé beaucoup de liberté aux designers, nous offrant un personnage atypique avec un mold et des accessoires très détaillés. Autant l'abandon du doigt dans la pizza est légitime pour des raisons morales, autant l'idée de la seconde tête est regrettable. On peut émettre l'hypothèse qu'elle n'a pas été retenu pour raisons de coûts. Malgré sa faible popularité, Pizzaface est très intéressant, il est même sûrement le personnage le plus sous exploité de la licence malgré son potentiel... Et en plus, il livre !

 

Le saviez-vous ?

Pizzaface possède deux variantes appelées white knife et green knife. La variation de couleur ne se limite pas qu'aux couteaux, mais concerne 5 points principaux :

White knife : Couteau blanc/2 pots de sauce verts au dos du tablier/pizza peinte sur la toque/tache de sauce non peinte sur la toque

Green knife : Couteau vert/2 pots de sauce blancs au dos de la ceinture/pizza non peinte sur la toque/tache de sauce peinte sur la toque

 

 

Le sage a dit : "Le pardon est divin, mais ne paie jamais plein tarif pour une pizza en retard" Michaelangelo

Pour le sujet du jour, faisons un petit tour dans les égouts mais pas chez nos amis à carapaces. Je vais te parler de Rat King. 

Je vais pour cela revenir sur ses origines dans le comics original, une image beaucoup plus sombre du personnage. Je traiterai ensuite son adaptation plus mégalomane de la série animée. Je finirai par aborder le jouet de Playmates. Aucun rongeur n'a été maltraité pendant la rédaction de cette article...

 

 

 

Des rats…

Difficile de parler des Tortues Ninja sans parler de rats, non seulement pour le maître de celles-ci, mais aussi par rapport à un des ennemis les plus récurrents de la licence, à savoir le Roi des rats (Rat King). Avant le 12ème siècle, rats et souris étaient perçus comme le même animal. Leurs interprétations à travers les jouets et les dessins animés sont pourtant bien différentes avec une souris plutôt amicale d’un coté (Mickey Mouse, Super souris ou encore les Biker Mice) et de l’autre le rat (Ratar-O de Cosmocats, Ratigan chez Disney ou encore Rattus dans Mighty Max). Le rat a toujours eu une mauvaise image, porteur de maladie, signe de mauvais présage ou de mort. Pourtant, TMNT nous montre bien le contraire avec Splinter. Les égouts étant leur environnement, il est logique de retrouver un rat comme mentor. Mais le personnage de Rat King vient renforcer l’image néfaste des rats.

 

 

Jim Lawson est le créateur de ce personnage asocial, son apparition dans le comics remonte au "Tales of the Teenage Mutant Ninja Turtles #4"  sorti en janvier 1988. Rat King y est illustré avec une peau putréfiée, des bandelettes et du tissu déchiré. Il est doté d'une force surhumaine et exerce une forme de télépathie avec les nuisibles rongeurs. Son physique est assez repoussant, marqué par son environnement sordide, les marécages, et son hygiène de vie. Il n’est cependant pas menaçant pour la population. Il squatte un parc industriel le temps de l’hiver et c’est par hasard que les tortues tomberont nez à nez avec lui. Il s’en prend à elles, pensant que des monstres étaient venus envahir son territoire. Il finira criblé de shurikens par Leonardo, tombant dans un silo avant de mourir. (Et oui dans le comics, ça ne rigole pas.)

 

 

 

La Ratocratie

Son adaptation pour l’animé de 1987 subira quelques modifications, toujours pour correspondre au jeune public visé. Finie la chair pourrie, l'aspect sombre et répugnant. Place à une belle peau et une chevelure blonde, tout en gardant quand même le style vestimentaire. L’individu est moins fort physiquement car il n’est qu’un simple humain un peu mégalomane désirant devenir le roi du monde grâce à son armée de rats. Il peut les contrôler non pas avec de la télépathie mais en jouant de la flûte. Cela fait forcément référence au Joueur de flûte de Hamelin, légende allemande inspirée d’un fait divers relatant l’histoire d’un joueur de flûte qui pouvait contrôler les rats. Ce Roi des rats est moins sauvage que dans le comics, en plus de jouer de la flûte, il est équipé d'un grappin et de grenades qu’il a lui-même confectionnés. Tel un rat des villes, il vit dans les égouts où il croise les tortues mais aussi leurs ennemis. Il n’appartient pas vraiment à un camp, ses ambitions sont purement personnelles.

 

 

 Le Ratoy

C'est en 1989 que Playmates Toys sort la figurine de Rat King, il fait partie de la seconde vague de personnages commercialisés par la marque. Le blister présenté est une version américaine facilement reconnaissable à ses artworks personnalisés du jouet. Le cardback comporte 20 figurines au dos, indiquant clairement qu’il fait partie du second lancement des figurines de 1989. En effet, Ace Duck, Genghis Frog, Baxter Stockman et Krang ne présentent que 14 figurines au cardback, ce qui indique une chronologie des sorties au sein de l’assortiment de 1989.

La figurine respecte assez bien le design de la série, cependant la chevelure est plus rousse (ok, ok, blond vénitien…) et les yeux rouges exorbités le rendent plus bestial. Le moule de la figurine comporte des rats qui lui parcourent le corps et des insectes sont ajoutés pour accentuer son coté squatteur. Les rongeurs présents sur les accessoires ont une crête punk, une symbolique récurrente de bad guys des années 80 mais qui pour le coup donne de la personnalité à l'animal. La ceinture, avec un design soigné, est composée d'un serpent avec un chat comme boucle, tous deux étant des mangeurs de rats. Ces trophées nous renvoient à une certaine suprématie des rongeurs sur leurs prédateurs naturels. Des petits bouts de fromage y sont attachés, le Roi des rats récompense toujours ses fidèles sujets, il pourrait juste les contrôler, mais un bon roi respecte son peuple.

 

 

 

Conclusion

La figurine de Rat King est globalement une réussite, les couleurs sont très variées ce qui donne beaucoup de relief. Mais le gros point noir reste quand même l’absence d'une flûte dans les accessoires, malgré le fait que celle-ci soit mentionnée dans la Filecard. 

 

Le saviez-vous ?

Vers la fin 1989, Rat King a eu une version rééditée "stand pop up", cette série éphémère exclusivement américaine avait pour but de liquider des stocks de figurines des 2 premières séries. Elle consistait à ressortir les mêmes blisters tout en y ajoutant un petit carton servant de présentoir avec un décor en fond et un texte. Au dos figurent les noms des figurines déjà sorties par Playmates avec des cases à cocher. Le présentoir porte le numéro 3 et est accompagné de Leonardo.

 

 

Silence... Pizza... Ça tourne... ACTION !!!

En 1990, l'univers des Tortues Ninja se retrouve projeter dans les salles de cinéma à travers son film éponyme. Réalisé par Steve Barron, il s’inscrit dans la lignée des films des années 90 au partenariat américano-hongkongais, qui mêle souvent la culture américaine et les arts martiaux. Cependant, il faudra attendre le second film de 1991 pour voir apparaître des produits dérivés issus d'un film au sein des jouets de Playmates Toys.

Avec le succès du premier film, une suite sort vite l'année suivante avec Mickael Pressman à la réalisation. Teenage Mutant Ninja Turtles 2 : The secret of the Ooze, traduit chez nous par "Les héros sont de retour" , est un film au ton plus humoristique et moins sombre que le premier. Le scénario s’appuie sur le retour de Shredder et son envie de créer deux mutants avec du Mutagen afin de semer le chaos. Bebop et Rocksteady, les deux incontournables de l'animé, étaient initialement prévus pour les incarner, mais Eastman et Laird s'y sont opposés. Tokka et Razhar sont donc créés pour incarner ces deux mutants. Les personnages seront par la suite intégrés à l'animé et à l'univers TMNT à l'instar d'Harley Quinn dans Batman Animated.

 

 

GO NINJA GO NINJA GO!!!

Playmates commence donc à commercialiser des figurines basées sur le film à partir de 1991 avec Super Shredder, Tokka et Razhar. Il faudra néanmoins attendre l'année suivante pour voir débarquer nos quatre tortues, Splinter et le Foot Soldier au format du film avec l'appellation "Movie star" . 

Les Tortues Ninja Movie star  font parties des figurines les plus appréciées de la gamme vintage de Playmates. Elles font preuves d'un sacré réalisme en termes de design mais aussi au niveau du touché. En effet, leur peau est en plastique caoutchouteux qui donne un aspect très poreux. Le peu d'articulations est compensé par la souplesse des membres et des rotules aux points de fixation. Le détail des pupilles vient ponctuer l'expression des visages. Le code couleur de chacune est néanmoins préservé pour les coudières et les genouillères, laissant transparaître une petite touche du design de l'animé afin de désuniformiser les jouets. Des petites taches sur la peau sont ajoutées afin de marquer un peu plus la différence entre chaque figurine.

 

  

C'est en 1993 que le fabricant chinois sort nos quatre héros au format king size. Des tortues de 13"  (environ 33cm) tout aussi réalistes que leurs homologues de 11cm. Ce format est une tradition dans l'industrie du jouet, celle-ci en mémoire des premières action figures qui étaient en 12" . Tout part en 1959 avec la poupée Barbie de Mattel qui démocratisa indirectement les bases sur la taille des figurines articulées, des jouets d'une trentaine de centimètres, creux, avec 5 points d'articulations. Hasbro sort de son coté une gamme de jouets pour garçon avec sa licence G.I.J0E 12"  en 1964. Les divers fabricants décideront par la suite de réduire les tailles des figurines dans un but économique et fonctionnel en termes de production et de matière première, ce qui standardisera le format actuel des action figures.

C'est dans une dynamique promotionnelle que ce format a été remis au gout du jour. Le king size est, par sa taille, plus visible, plus accrocheur, ce qui permet de mieux vendre la gamme de jouets dans son ensemble. Ces figurines sont produites généralement dans un second temps en fonction du succès rencontré au lancement d'une gamme. Les "Jumbo" de la gamme Star Wars en sont un parfait exemple.

 

 

Et nos tortues dans tout ça?

Les Movie Star présentées sont des versions américaines. Le style du packaging reprend la trame des blisters classiques sortis un an plus tôt. A cette période, même les blisters américains commençaient à s'uniformiser, ce qui explique que les boites des Giants soient identiques. Un sticker est ajouté comportant le nom et l'arme affiliée.

Ces figurines ne sont pas vraiment faites pour être manipulées. Mis à part Raphael, les tortues n'ont qu'une seule arme, et aucun étui sur la ceinture pour les ranger. Celle-ci fait d'ailleurs partie intégrante du corps. On retrouve la peau caoutchouteuse et cette souplesse des membres. La figurine est creuse et assez légère pour sa taille.

 

 

Conclusion

Ces figurines king size sont vraiment de toute beauté, tout en mêlant la qualité. Ces jouets ne sont clairement pas destinés à être manipulés ce qui explique le peu d'accessoires. De plus, le nombre de figurines limite grandement la jouabilité.

 

Le saviez-vous?

Playmates Toys ont sorti d'autres figurines grand format dans la gamme vintage, en voici la liste :

• 1990 avec les Giant Turtles qui sont les quatre versions classiques
• 1991 avec les Giant Bad Boys représentés par Bebop et Rocksteady, les seuls méchants grand format
• 1992 avec Giant Slam Dunkin' Don, surement en lien avec le sacre de la Dream Team américaine de basket aux J.O de Barcelone
• 1993 avec les quatre Giant Movie Star Turtles, les quatre Giant Mutation et les deux Giant Movie III Samourai Turtles (Leo et Raph)
• 1994 avec les quatre Giant Troll Turtles 

 

  

Transmutation demandée !

Afin de relancer sa gamme de jouets, Playmates produit des figurines transformables. La mutation est un élément central de l'oeuvre originale, le concept s'inscrit donc parfaitement dans la logique de la licence TMNT.

Les figurines sont toutes accompagnées d'une capsule de Mutagen, élément essentiel pour générer une mutation. cette substance chimique créé un hybride d'une personne avec la dernière chose vivante qu’elle ait touché. Ainsi les tortues ayant été en contact avec Hamato Yoshi se sont métamorphosées en tortues anthropomorphiques. 

La gamme Mutations est commercialisée à partir de 1992 avec divers figurines et véhicules. Playmates toys se charge de la distribution pour l'Amérique nord, quant à l’Europe, c’est Bandai qui fera le lancement avant d'être repris par Ideal Loisirs.

La première vague de figurines sera composée des quatre tortues, Splinter, Bebop et Rocksteady. La seconde nous donnera Shredder, Tokka, Razhar, Foot Soldier et une seule héroïne en la personne d’April O’Neil. Elles sont conditionnées non pas dans des blisters mais dans des boites à fenêtre avec un rabat nous rappelant les packagings Bandai de Saint Seiya, Giraya ou encore Winspector.

A présent, focalisons-nous sur les quatre ennemis récurrents des tortues : Shredder, Bebop, Rocksteady et le Foot Soldier.

 

  

MUTATIN’ BEBOP (1992)  

Bebop est à l’origine un voyou au style punk afro-américain. Sa version mutée est relativement fidèle à la version animée. Son design vestimentaire est légèrement revu afin de limiter les parties du corps à transformer. 

On constate que la couleur de peau sous sa version humaine est différente de celle visible à l'écran. Cette spécificité a très souvent été abordée sur les sites spécialisés aux Etats-Unis. Plusieurs théories ont été avancées dont celle qui consisterait en un choix délibéré de la direction de production de ne pas associer un voyou à un individu de couleur. L'idée est tout à fait recevable car on connait aux Etats-Unis les tensions interethniques qui peuvent exister et qu'il est bien entendu très important de ne pas entretenir. Une seconde hypothèse plausible consisterait tout simplement à un choix volontaire d’une couleur de peau différente de celle du pelage de Bebop afin de marquer un contraste visuel plus frappant entre les deux formes du jouet.

Le système de transformation nous rappelle celui de Mon*Star de la gamme Silverhawks, cependant les mutations se font cette fois-ci manuellement. On retrouve les éléments récurrents du chara-design de Bebop avec les petites carapaces et sa foreuse. 

 

  

Le packaging est une version américaine, le sticker Giochi Preziosi présent au dos nous indique qu'elle a été distribuée sur le marché italien. L'artwork est soigné, nous dévoilant le personnage à travers les différents stades de sa mutation. 

Le logo MUTATIONS, propre aux jouets de cette nouvelle gamme, est entouré de Mutagen nous rappelant subtilement le Slime de S.O.S Fantômes. On retrouve les points essentiels de la charte graphique des blisters d'outre-Atlantique à travers ce nouveau conditionnement. 

Sous le rabat figurent les instructions de transformation avec des photos de tailles croissantes, proportionnelles à l'évolution de la figurine. Le jouet représenté est un prototype, reconnaissable à ces légères différences de peinture.

 

 

MUTATIN’ ROCKSTEADY (1992) 

Rocksteady est une brute épaisse dénuée d’intelligence, la personne idéalement représentée par un rhinocéros qui fonce tête baissée sans réfléchir. C’est justement l’animal qui lui a été attribué pour sa mutation nous rappelant Rhino l'ennemi de Spiderman. La figurine est assez fidèle à sa version humaine. Le style vestimentaire est encore une fois revu pour les mêmes raisons que Bebop. Les accessoires de la gamme MUTATIONS ont la particularité d'être aussi transformables avec cette fois-ci une lunch box se changeant en arme à feu.

 

  

Le packaging présenté est une version européenne, marquant l'apparition du bi-logo TMNT/Tortues Ninja au sein de la gamme sur notre continent. En effet, 1992 marquera l'extension des traductions présentes sur les emballages, étendant une distribution unique au sein de plusieurs pays. L’artwork est identique, il est accompagné d'une phrase accrocheuse dénuée de sens et typiquement française : "La légende devient réalité" . Quelle légende ? Une légende urbaine ?   

Au cardback et sous le rabat, les textes multilingues monopolisent l'espace, sacrifiant la filecard et divers illustrations présentes sur la version américaine. 

 

 

MUTATIN’ SHREDDER (1993)

Tout d’abord, la grande question est de savoir depuis quand Shredder a t-il muté ? Sa mutation n'est au final qu'un changement vestimentaire d’Oroku Saki devenant Shredder. La version kimono est plutôt bien réalisée privant cependant la figurine d'articulations inférieures. L'armure respecte le code couleur de Shredder mais difficile de dissimuler entièrement le kimono bleu. Le résultat est assez mitigé sur certains points, pas étonnant de la part d’un non mutant. Avait-il sa place au sein des MUTATIONS ? Difficile de ne pas inclure l'ennemi emblématique de la licence dans cette nouvelle gamme de jouets.

 

  

L’artwork reprend exactement le design du jouet, donnant l'impression que Shredder est en robe de chambre… Afin de coller à la thématique de la gamme MUTATIONS, Oroku Saki utilise du Mutagen pour passer du kimono à l’armure, créant un manque de cohérence scénaristique pour le coup. La boite est une version européenne identique à celle de Rocksteady, à la seule différence d'une traduction espagnole supplémentaire.  Cela pourrait signifier que la seconde vague de 1993 se serait étendue à l'Espagne. 

Sur le cardback on peut lire "Prend le contrôle du plus puissant et du plus mauvais Maître Ninja et transforme-le." suivi de "Prend le Maître entre tes mains et en un tour de magie change cet homme gentil en ce monstre que tout le monde déteste." ou encore "Mais attention, quand tu l’auras transformé, il ne voudra peut-être plus se métamorphoser de nouveau !" . Des phrases assez contradictoires dénuées de sens évoquant un coté Docteur Jehyll et Mister Hyde chez Shredder… 

 

 

MUTATIN’ FOOT SOLDIER (1993)

Pour le Foot Soldier, il ne s'agit pas d'une mutation mais d'une évolution du robot inachevé à sa version finalisée. Sa première forme comporte des parties mécaniques apparentes, celle-ci nous renvoie au T800 de Terminator dans l'esprit.

La transformation réside dans le recouvrement des parties robotisées donnant un Soldat Foot classique relativement bien fini. Cette version est plus aboutie que son homologue de 1988 avec une figurine très maniable et assez robuste. Playmates a recyclé le Turtle Shell Biter déjà présent sur le premier Soldat Foot. Le second accessoire est lui transformable, passant d'un tonfa à un fusil laser, enfin une arme à feu pour ce soldat.

 

  

Le packaging est identique aux deux précédents. Malgré la même année de sortie que Shredder, ce Foot Soldier n'a pas de cinquième traduction espagnole, indiquant donc l'éventualité d'un second tirage pour la vague de 1993. 

Il est amusant de voir que les textes introduisent le lecteur dans l’univers du personnage avec des phrases comme "Tu peux les retransformer et seul Shredder et toi connaissent le secret de cette mutation." . L’enfant se sent impliqué car il est directement cité, les boites européennes créent un lien entre vous et le jouet.

 

  

Conclusion

Bebop, Rocksteady et le Foot Soldier suivent le même schéma de transformation, les jouets respectent la charte graphique des personnages avec le style punk de Bebop, le coté militaire de Rocksteady ou encore la partie robotique du soldat. Parmi les quatre, Shredder est clairement en dessous des autres. Son design est trop grossier et sa maniabilité trop limitée.

D'un point de vue général, les parties souples amovibles sont fragiles et finissent souvent par casser à cause des transformations à répétition.

A l'instar des blisters, les boites américaines sont plus harmonieuses, plus aérées. Elles ne sont pas étouffées par de multiples traductions et respectent une certaine continuité. Les versions européennes comblent l’espace libre de textes, mais parfois, on se demande si les distributeurs connaissaient un minimum l'univers sur lequel ils travaillaient...

 

Le saviez-vous ?

La plupart des figurines MUTATIONS dites "classiques" possèdent des variantes de couleurs dans leurs accessoires. Ces derniers peuvent être rouges ou d'une couleur métallisée.

 

  

Mais vous êtes Foot ! Hoooo oui !

Le Foot Clan, un groupe de ninjas assassins ayant pour emblème un pied gauche, s'inspire directement du Clan de la Main, une organisation criminelle du comics Daredevil.

Ce clan fut créé au Japon Féodal par Sato et Oshi. Hamato Yoshi (le maître du rat Splinter) et Oroku Nagi (le frère d'Oroku Saki alias Shredder) en étaient membres. Suite à un duel entre ces deux-là entraînant la mort de Nagi, Yoshi s'exila à New-York. Oroku Saki fut envoyé là-bas pour implanter la branche américaine du clan, devenant rapidement un groupe redouté et puissant.

 

  

Afin d’adapter l’animé, des modifications scénaristiques ont été faites pour correspondre au jeune public. Le logo du Clan des Foot devient un pied droit. Hamato Yoshi devenant Splinter, ce dernier et Saki sont aussi membre du clan dans cette version. Une certaine rivalité règne entre eux, ce qui pousse Saki à piéger son rival afin d’accéder plus facilement à la tête du clan. Hamato s’exile et Oroku Saki, devenu le chef Shredder, déplace le Clan des Foot aux Etats-Unis. Ce dernier fait remplacer ses ninjas humains par des robots grâce à l’alliance faite avec l’extra-terrestre Krang.

Afin de contenir la violence, les soldats Foot sont robotisés dans le but de supprimer les effusions de sang. Krang est ajouté à la série pour expliquer cette avancée technologique, donnant de la chair à canon aux Tortues Ninja. Ces soldats-robots troquent leur Ninjutsu contre des fusils laser. 

 

 

On se fait un petit Foot ?

Le blister présenté est un Foot Soldier dans sa version américaine sortie en 1988. La carte reprend les mêmes codes que celles des quatre Tortues Ninja sorties la même année. La taille de l'opercule indique que ce blister fait partie des premiers tirages, contenant surement une figurine soft head. Contrairement aux héros représentés par une carapace verte, un logo du Foot Clan est utilisé pour indiquer l'affiliation des personnages ennemis de la gamme de jouet. L'artwork interagit souvent avec le logo de la licence, le détériorant parfois avec le Foot Soldier ou encore Bebop. Cette interdépendance entre le logo et le personnage nous renvoie au coté fun de la série tout en apportant un effet de profondeur.

 

 

La figurine est assez bien réalisée, un corps frêle et courbé qui nous renvoie à une certaine soumission du personnage, tel un larbin aux bras longs sans âme. Contrairement aux soldats armés de fusils laser de la série, le jouet est commercialisé avec trois armes de corps-à-corps.

Les jouets étant produits avant le dessin animé, on notera de légères différences. Shredder étant le chef du Foot Soldier, les deux jouets sont assortis avec un code couleur commun. Par ce choix, Playmates créé une affiliation visuelle plus forte au sein de sa gamme de jouets. 

 

 

 

  

Conclusion

La figurine est un incontournable de la gamme, une réussite en tout point. Comme dans toutes les séries de ce type, il faut toujours des personnages secondaires sans grande résistance pour donner un peu d’action de masse, c’est le rôle du Clan des Foot. Leur robotisation dans l’animé est faite pour que les Tortues Ninja utilisent de matière brute leurs armes de ninja, ce qui dynamise l’action de la série. Bebop et Rocksteady sont souvent vaincus en se cognant contre les murs, ou aveuglés par de la vapeur qui s’échappe d’un tuyau mais jamais directement par une arme blanche. Alors merci aux Foot Soldiers de servir de défouloir, sans eux, les combats seraient surement ennuyeux… Gloire au Foot Clan !

Le saviez-vous ?

Au Canada, le Clan des Foot s'appelle le Clan de la savate.